*rendre un système plus sûr peut entrainer une sur confiance, et évacuer une certaine évaluation du risque

Le responsable d’une entreprise alimentaire est déclaré coupable de négligence criminelle causant des lésions, à un employé.

Selon la juge, l’entreprise a démontré du « laxisme et du mépris » en matière de sécurité au travail.

Au delà de l’appareil défectueux, la culture de l’entreprise a joué un rôle dans le verdict. La juge fait valoir qu’il n’y avait dans cette entreprise, aucun programme de santé-sécurité au travail.

De plus, la magistrate relève que les nouveaux employés ne bénéficiaient d’aucun service d’accueil et de formation.

Elle souligne que la victime avait eu une formation minimale par une personne unilingue espagnole, qui a utilisé les signes pour lui expliquer le fonctionnement des appareils.

« Mr X était plus préoccupé par le rendement et la production, que la sécurité de ses employés » Exprimera la juge

La juge estime que Mr X se préoccupait de la sécurité, seulement lorsqu’on attendait la visite d’un inspecteur du travail.

Des séquelles permanentes

Traumatisme crânien sévère, entrainant des séquelles permanentes.

Le jeune de 18 ans à l’époque des faits, restera atteint de troubles physiques et psychologiques à vie.

La culture de sécurité, une belle tournure

En suivant les suites de ce procès, plusieurs éléments ressortent et interpellent.

Premièrement l’état d’esprit des dirigeants vis à vis des peines demandées, reste dans la même fibre que celui qui a permis cet accident. Pas de réelle prise de conscience.

Deuxièmement, la victime, est petit à petit oubliée au profit de la négociation de la peine d’emprisonnement et de la compensation financière. La peine maximale est de 10 ans de prison , la condamnation des deux responsables est 90 jours effectué en dehors des jours de travail et seront en probation pendant 2 ans. Le père et le fils devront aussi versés ensemble le total de 125000$ à la victime.

Troisièmement, l’instance du travail en charge de l’application et du contrôle de la sécurité, est consulté post procès, pour donner un avis sur les causes ayant entrainer cet accident. On peut se demander si un axe d’amélioration sera mis en place lors des contrôles du type de machine en cause. Pourquoi, parce que la responsabilité entière est chargée sur le chef d’entreprise. 

Lors d’un jugement, et c’est peut être normal car est-ce le rôle du tribunal de chercher des axes d’améliorations ? Non à mon sens.

En France, est t’on si éloigné de cette histoire ?

La culture de sécurité, dont les termes sont repris dans beaucoup de textes sur la prévention des risques professionnels est tout sauf un standard. Pour qu’une culture de la sécurité protège l’humain, elle doit d’abord être tourné vers lui. 

Une entreprise qui dans les faits sera tourné vers l’humain aura une culture de sécurité au travail effective et efficace. Et cela quelle que soit la taille de l’entreprise.

Il est faux de dire que dans les TPE, la sécurité passe après le reste. Vous avez bon nombre d’artisans, qui ont compris que la ressource humaine est une ressource. Cela parait bizarre de le dire comme cela. Pas quand on considère que l’humain est source de retour sur investissement. De part sa compétence et la valeur ajoutée qu’il apporte, là, on est plus enclin à protéger cette ressource.

Il est faux de croire que dans les grandes entreprises, voire multinationales, la culture de sécurité de l’homme est toujours au centre des préoccupations. Ce sont les faits qui prouvent la culture de sécurité. Les chiffres sur un tableau de bord, ou sur une application, sont souvent erronés. Soit la source est faussée par des biais cognitifs, plus ou moins conscients, souvent en lien avec les objectifs. Soit les données fournies sont volontairement sur évaluées pour « avoir la paix ». 

Evitons que la culture de sécurité, condamne !

Oui, cet accident est inadmissible, oui les responsables doivent être condamnés, oui la victime doit être prise plus en considération, et non pas juste au titre de l’indemnisation. Mais, ceci au nom des faits, et non pas de la culture de sécurité.

La culture de sécurité est variable d’une entreprise à l’autre, et c’est un fait. C’est plus complexe que de dresser une liste de choses que l’entreprise devraient faire. La culture de sécurité c’est autant s’occuper de la prévention que des actions curatives et cela on l’oublie souvent. Et c’est là le quotidien d’une entreprise, gérer le présent. C’est là, que la culture de sécurité a, à mon sens, beaucoup à se développer. Les actes de tous les jours, les analyses quotidiennes, sont des composants essentiels de la culture de sécurité.

La justice s’appuie sur les faits, et exige des entreprises de prouver qu’elles avaient bien fait tout ce qu’il fallait pour protéger le collaborateur. 

J’aime bien rappeler aux dirigeants les 9 principes généraux de prévention. On les retrouvent, partout dans le monde, rédigé de différentes façons. Pourquoi, parce que la formation*, les consignes, se situent à la fin des actions de prévention. Il y a bien d’autres possibilités avant, et argument non négligeable moins coûteuses (temps et argent « direct ») pour l’entreprise.

C’est pour cela que je m’appuie sur deux piliers de la sécurité en entreprise, l’évaluation des risques les mesures de prévention, le plan d’action associé, et développer une culture de sécurité. Cette dernière part souvent de loin, et l’enjeu est de la faire naître ou grandir. Il n’y a pas de recette miracle, mais deux composantes essentielles, l’humain et la communication.

Alors ne laissons pas la porte ouverte à une interprétation et un jugement personnel des juges de la culture de sécurité d’une entreprise.

Cela n’enlève en rien la faute inexcusable dans cet évènement ci-dessus. Mais posez vous la question du facteur qui aurait le plus évité cet accident ? Répondez dans les commentaires ci-dessous, je les lirai avec attention.

* »Je suis formateur, et c’est ma première activité à ce jour. Mais, je cherche à évaluer en permanence l’efficacité des actions dans le domaine de la santé-sécurité. La différence entre la théorie, l’intuition et les résultats obtenus. C’est certainement mon côté Qualité appliqué à la santé-sécurité. »  

Certaines données sont volontairement « floutée », car cela elles n’apportent pas un intérêt au sujet. Je tiens les sources à disposition de toute personne qui m’en fera la demande par mail ou courrier.