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Le Simracing, l’attention en pôle position !

En août j’ai rencontré Cyril Bastiani, Gérant de la société Digital Info System à Villemur sur Tarn dans la Haute Garonne. Sa Société, prestataire informatique, accompagne les entreprises à bien vivre l’informatique sereinement et efficacement. Que ce soit pour un indépendant comme une très grosse structure, il met son expertise à l’écoute et au service de ses clients. De l’implantation à la maintenance en passant par la surveillance, rien ne lui échappe.

Mais il faut se rendre dans son bureau pour voir une drôle d’ossature métallique, avec un siège auto. Cyril est un sportif de haut niveau qui pour se rendre sur son terrain de sport favori fait environ 3m.

Je vais vous présenter le Simracing et comment cette discipline fait appel à l’attention et à la concentration. On va osciller entre le virtuel et le physique, vous allez comprendre plus loin.

En fin d’article je ferai un parallèle avec le domaine de la qualité et de la santé-sécurité.

3, 2, 1 Go

Qu’est que le Simracing ?

Cyril est passionné de sport automobile depuis sa plus jeune enfance. Il n’a pas loupé un seul Grand Prix. C’est un passionné de tout ce qui est à moteur. Dans son bureau, des maquettes de Formule 1 un peu partout. Le e-sport lui a permis de pratiquer sa passion avec un investissement financier beaucoup plus léger. Ses débuts comme beaucoup ont commencé avec une manette de jeu avec la première console qu’il s’est acheté. A ses débuts il était seul derrière son écran contre l’ordinateur. Puis il a participé au championnat de France avec plus de 7000 participants, chaque semaine en ligne avec les phases de qualification et la course finale. Cette initiation qui lui a mis le pied à l’étrier, va l’encourager à poursuivre.

Déjà à ce niveau, la pratique est encadrée de règles vis-à-vis du respect des concurrents, des procédures, avec les commissaires de courses. Bref, un cadre qui se rapprochait du monde des grands pilotes. Son goût pour la compétition automobile prend forme.

L’étape suivante est la simulation, et là on sort de la console de jeux on est réellement dans de la conduite virtuelle avec les mêmes paramètres que si vous étiez dans le siège baquet de la voiture. Les courses sont contre de vraies personnes avec des règles à respecter des compétitions et pour les plus professionnels des gains financiers à la clé.

On appelle cette discipline le Simracing.

Les pilotes de e-sport développent les mêmes gestes et les mêmes réflexes que les pilotes sur circuit physique, hors simulation. Pour preuve, lors de la course des champions qui réunit tous les champions de course automobile en 2022 qui s’est déroulée en Suède. Le coureur de e-sport Lucas Blakeley a battu en tête à tête Sébastian Vettel, 4 fois champion du monde de F1. Et cela sur une voiture tout électrique, sur la glace. Quand on sait le peu d’heure de conduite qu’avait ce jeune coureur, on comprend que la simulation, ce n’est pas du jeu sur console dans son salon.

En revanche les coureurs de courses en physique (pour les distinguée du virtuel), sont souvent moins à l’aise pour passer ensuite au e-sport. Cela montre que le simulateur est un outil non négligeable de l’apprentissage. Les pilotes d’avion de ligne, passent aujourd’hui de nombreuses heures sur simulateur, à répéter des procédures d’urgence, ou simplement appréhender les commandes d’un nouveau modèle.  Cela fera peut-être l’objet d’un autre interview.

Depuis 4 ans, Cyril, est aussi pilote de karting de compétition sur circuit physique et pour améliorer ses réflexes il s’entraine sur simulateur, c’était intéressant d’avoir son avis sur l’attention et la concentration dans les deux disciplines.

Comment se traduit l’attention et la concentration dans le Simracing ?

Le matériel de simulation permet un environnement très proche de la réalité. Casque virtuel 7 points, commandes au volant identique au réel, pédales, siège, ….

Sur le simulateur de Cyril seul les G encaissés dans les virages et les impacts avec un autre véhicule ou une sortie de route dans le décor, ne sont pas reproduits. Top pour la sécurité !

Le simulateur lui a permis d’améliorer ses départs car la réaction doit être au dixième de quart de seconde pour éviter le choc et de rester en queue de course. L’attention doit être travailler pour déceler les moindres changements dans l’environnement. D’abord les autres coureurs, mais aussi tous les paramètres de la machine. Eh oui température moteur, huile, eau, sortie d’échappement, compression, pneumatiques, …, tout doit être sous surveillance.

En termes d’attention cognitive, il travaille la saillance, non pas comme distracteur, mais comme information nécessaire à la réaction. Plus il travaille son attention sur des sujets précis, plus il développe des réflexes (des automatismes), plus il peut relâcher son attention dans ces situations déterminées. Cela lui permet d’utiliser son capital d’attention sur une autre tâche, et de passer très vite de l’une à l’autre.

Dans la sécurité en entreprise, ces situations représentent le danger qui arrive dans votre environnement. Si vous êtes en alerte, et entrainer à le repérer, vous allez le voir et réagir.

Cela demande de poser son attention sur la durée, la concentration. Une course de karting dure entre 9 et 13 minutes, un tour fait entre 45 et 50 secondes.

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Quels sont les facteurs aggravant sur l’attention pendant une course en physique ?

Pendant un tour de 45 secondes le pilote ne fait environ que 3 cycles respiratoires (inspire/expire). Pour un adulte en activité normale ces cycles sont de 12 à 15 par minute. Cela nous donne 4 cycles par minute pour le coureur pendant plus de 10 minutes. Ce phénomène est principalement dû à l’apnée générée lors des freinages de virage et les G encaissés.

Cyril a déjà mesuré ses pulsations lors d’une course. Lors du départ, il frôle les 200 puls/min.

Bien sûr chaleur, vibrations, et autres éléments extérieurs, vont fortement éprouver le corps et donc le cerveau, indispensable à poser et tenir son attention.

En e-sport on a les mêmes sensations mais en un peu plus cool. On peut mettre le ventilateur, on n’a pas le siège qui vous pousse à vous écraser contre la ceinture, …

Cependant une des disciplines de la simulation, éprouve l’attention et la concentration, l’endurance. Exactement comme pour les 24 h du mans (qui existent en Simracing), les pilotes vont se relayer et conduire entre 2 et 3 heures chacun. Cyril sur ces courses a son cœur qui peut monter à 160/170 puls/min. Je vous rappelle que là on est en virtuel.

Comment faire pour faire fonctionner son cerveau au mieux de ses capacités lors d’une course en physique ?

Cela demande une grosse préparation physique. Cyril nous explique que lorsqu’il gagne ou qu’il est bien placé, tout se joue dans les derniers tours. Il a observé, que c’est sa préparation qui lui permet de tenir son attention plus longtemps et de ne pas la relâcher avant la fin. Les échanges avec d’autres coureurs le lui ont confirmé.

Quel entrainement fait-il ? Au niveau physique principalement de la course à pied fractionnée, pour aider son cœur à encaisser les fluctuations, le niveau cardiaque et permettre après chaque pic un retour au calme plus rapide.

Son secret, en plus, écouter de la musique classique juste avant la course. Faire baisser la pression, aborder la course plus calmement, et préserver son énergie pour le bon moment de montée en pression.

Mais d’autres facteurs de préparation rentrent en jeu, le sommeil et l’alimentation. Cela est indispensable pour assurer le résultat, mais aussi pour sa sécurité.

Cyril nous raconte que sur une de ses dernières courses de qualification, il s’y est rendu sans aucune préparation. Poids 6kg de trop en raison d’une alimentation non adaptée, résultat, 2 côtes fracturées. La bonne nouvelle c’est que maintenant, c’est rémige adapté, renforcement musculaire adapté.

Sur une course physique ou virtuelle, ce qui fait la différence entre deux coureurs, c’est surtout la préparation physique et mentale.

Le sommeil agit beaucoup sur l’attention. Cyril nous raconte que quand il a été fatigué en course physique ou virtuelle, il a eu l’impression de rêver, même sur un départ qui pourtant demande une présence XXL. Le manque de sommeil génère des demi-secondes de retard. Cela se relève après course en analysant les temps au tour, ou le temps de réaction sur un virage ou lors d’un dépassement.

Cyril, qui pratique le physique et virtuel, observe que l’écran fatigue plus vite. Sur des épreuves d’endurance le cerveau conscient se déconnecte et il passe plusieurs virages sans le réaliser. Quand il « revient à lui », il lui faut un temps pour réagir. C’est ce que l’on observe, lors de la conduite, quand on roule « au radar ». Cela va de la micro-absence, jusqu’à un temps long. Au niveau de la sécurité, le moindre évènement qui doit entrainer une réaction rapide, ne sera pas vu.

Le sommeil est un facteur indispensable à la préparation du pilote.

Comment le coureur peut ’il travailler son attention ?

Tous les exercices de développement de l’attention et des réflexes sont bons. Buzzer de couleur, à taper de plus en plus vite, jeux de balle, …

Ce que Cyril travaille beaucoup ce sont les phases où les risques sont maximums. Par exemple le départ.

Si vous avez déjà vu un départ de grand prix ou de karting, vous savez que c’est un moment crucial. Un, pour se mettre devant, deux, pour éviter tout accrochage. Cette étape doit être répétée, analysée, mémorisée, dans le cerveau, et dans toutes les parties du corps. Rien qu’au départ, des millions de combinaisons peuvent arriver, donc des combinaisons de situations dangereuses et de risques multiples. Il est donc indispensable de savoir réagir de façon la plus sûre et rapide.

Est-ce que cette préparation est utile dans la vie de tous les jours ?

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les coureurs de sport mécanique en physique, sont plutôt prudent hors circuit. Ils en connaissent les dangers, et les conséquences. La vigilance qu’ils ont sur le circuit est reportée sur la route. Leurs réflexes sont adaptés à la situation. Face à un obstacle imprévu, l’œil, le cerveau, analysent très vite et prennent une décision. Freiner ou accélérer. Tourner les roues ou les laisser en ligne. Cyril vous encourage à faire un stage de pilotage dans un centre agréé, pour rencontrer des situations dangereuses et apprendre à y réagir. Un enfant qui traverse, un changement de voie d’un autre véhicule, …, les situations sont nombreuses.

J’ai posé la question si dans sa vie professionnelle, Cyril y voyait un apport de sa pratique du e-sport. Dans son métier il gère de nombreux dossiers en même temps. Certains sont brulant, notamment en cas d’attaque cyber.

Notre cerveau n’est pas multi-tâches, cela vous me verrez l’écrire et le dire souvent. Cependant avec de la pratique et de l’entrainement il peut passer très vite de l’une à l’autre sans perdre trop de temps à reprendre le fil. Le cerveau de Cyril entrainé à gérer dans son champ de vision beaucoup d’indicateurs, est un aspect utile lorsqu’il s’agit de programmer, lancer un programme, répondre au mail, au téléphone dans la même période.

Lors de mes formations sur la prévention des chutes de plain pieds et sur l’attention et la concentration au travail, j’ai déjà observé cela sur l’exercice du bouchon. Je m’intéresse toujours au profil des participants en fonction des résultats rapide ou non. Une de mes observations est que les jeux vidéo ou les activités d’écran comme le sport, développe la capacité à gérer deux tâches et de passer de l’une à l’autre très vite. Cela tant que cela reste dans le champ du regard.

Par exemple, certains jeux de combats multi-joueur demande un balayage très rapide de l’écran pour prendre les différentes informations nécessaires à la réussite de la mission.

Je ne prône pas les jeux de guerre, mais les études sur l’attention et les jeux vidéo ont montré clairement le développement de certaines fonctions cognitives positives. Mais en parallèle le négatif c’est que les jeux de combat de plus en plus réalistes, trompe le cerveau sur la réalité vécu. Mais cela est un autre sujet.

Attention, les petites consoles avec les jeux cérébraux, ou les jeux sur téléphone type Candy Crush n’ont pas du tout un effet positif de développement de l’attention. C’est plutôt un résultat inverse qui est obtenu. Sauf si on veut relâcher son attention quelques minutes par un peu d’abrutissement. Avis aux adeptes ! (A savoir, on peut aussi relâcher son attention et sa fatigue mentale par des activités dynamiques)

Cette capacité à développer une attention visuelle et mentale positive, en gérant plusieurs informations sur l’écran peut se développer aussi, avec des jeux de société, des sports de balle, …, où l’attention et les réflexes sont nécessaires.

Comment commencer le Simracing ?

Le Simracing qui rentre dans le e-sport n’est pas un jeu. Oubliez la console dans votre salon !

Là nous sommes dans la simulation, donc il faut recréer l’environnement au plus près du réel. Le siège, le volant, les pédales, le casque, le vent dans les cheveux, …. C’est donc un budget plus ou moins important. Moins qu’une écurie de F1, mais il faut étudier la question. Cela peut démarrer à 200€ pour un volant et des pédales et très vite grimper. Le conseil de Cyril est de rejoindre une Team de Simracing en ligne. Là vous serez accueilli et conseillé pour vous lancer et progresser. Toutes les équipes n’ont pas les mêmes valeurs, le même accompagnement, soyez curieux, testez. Tout se passe en virtuel.

Certaines salles existent en France, mais attention, le matériel que vous y trouverez est souvent du matériel de pro. Pour acquérir le même à la maison la facture dépassera les 20 000€. Mais pour pratiquer en loisir de temps en temps, c’est une option possible.

Dans une équipe de Team Simracing, il y a autant de règles et disciplines que dans un club de sport en présentiel. Les attentes sur les résultats peuvent être les mêmes que dans le haut niveau sportif « classique ». On peut y rencontrer et concourir avec les vedettes de la formule 1 ou du rallye.

Pour un coureur comme Cyril, quand il participe à un championnat de e-racing, c’est entre 10 et 20 h d’entrainement sur une semaine. 2 à 3 heures par jour en plus de sa journée de travail.

C’est de la compétition sportive !

Mécanisme d'apparition du dommage
7 facteurs à passer au filtre lors de notre évaluation des risques

 

Quel enseignement en tirer pour la Qualité et la Santé-Sécurité en entreprise ?

La connaissance et l’identification des situations dangereuses est la base de la sécurité des sports automobile. Tant celles qui impactent la performance, que la sécurité des personnes.

Puis vient l’évaluation des risques majeurs, sur lesquels ont va travailler en priorité.

Le Simracing met nettement en évidence que le capital d’attention baisse au fur et à mesure de son utilisation. Plus mon attention est intense et soutenue, plus je risque de décrocher d’un coup quand le capital sera atteint. Et là, la probabilité d’accident ou d’erreur est très forte. Glissade, ouverture de la mauvaise vanne, report des mauvaises coordonnée GPS,…

Je le répète souvent, mais l’attention et notre capacité de réfléchir fasse à une situation dangereuse, est fortement conditionné par notre état de santé. L’alimentation, le sommeil et l’hydratation jouent un rôle direct sur le bon fonctionnement de notre cerveau. L’hydratation n’a pas été évoqué dans l’entretien, car c’est une évidence pour un sportif, que cela est aussi naturel que respirer. Est-on toujours assez bien hydraté en entreprise ?

C’est pour cela qu’en formation, quand je parle de santé, je fais le lien entre alimentation, sommeil, hydratation et les situations en lien avec la sécurité. Notamment notre capacité à repérer les situations dangereuses, analyser des risques, puis à prendre une décision.

Il en va de même avec notre capacité à manager et les erreurs involontaires de tous types associés. Comme oublier la pièce jointe dans un mail, donner une consigne et s’apercevoir que l’on a oublier la moitié des éléments.

Dans le domaine de la Qualité, je vous invite à vous pencher sur l’attention et la concentration dans l’analyse des écarts. Vous allez être surpris ou pas, de ce facteur dans vos non-conformités.

Comment les éviter cela sera dans un autre article, voire plusieurs.

Merci Cyril pour cet interview, et bonne préparation pour tes prochaines courses.

Pour aller plus loin :

Je précise ne pas avoir d’intérêts quelconque dans les sites ci-dessous, mais je vous les partage pour plus de compréhension de l’univers de cet article ou vous faire découvrir des opportunités pour votre entreprise.

Découvrez la chaine que Cyril anime depuis quelques années. Vous pourrez découvrir le Simracing au travers des courses commentées comme à la télé : LTGP e-sports

La simulation dans les engins de conduite en entreprise : Simulateurs Audace

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